Urgence et excellence...Je craque !

Par: Comptabilité 11-9-2013

Catégories:Diversité,

Les sources du mal-être sont nombreuses évidemment, ne serait-ce que la manière dont on organise le travail : des box les uns à côtés des autres, bien cloisonnés, avec un manager dans un bureau extérieur, tout seul, devant son ordinateur qui indique « login/log out »…


Mais il y en a bien d’autres…..

Nous n’agissons plus, nous réagissons !

Les nouvelles technologies, par exemple, jouent un rôle considérable dans notre mal-être puisqu’elles ont créée un monde atemporel.

Elles ont introduit un temps factice, l’instantanéité, le règne de l’immédiat. Des centaines d’informations nous parviennent à la conscience et l’injonction d’en faire quelque chose dans l’immédiat nous fatiguent.

Nous n’agissons plus au travail, nous réagissons dans l’urgence éternelle : nous n’avons plus de temps devant nous, en tous cas c’est l’impression que nous avons.
Pire, nous nous mettons à parler de nous-même en empruntant un langage informatique : « je me suis mis en mode machine de guerre pour ce dossier patron! ».

Le sens se recherche désormais dans le travail ...

et non dans le triptyque des repères traditionnels

Sur un plan culturel, on peut dire que les grandes traditions dans lesquelles l’homme cherchait la transcendance, le sens de son existence, le bonheur sont en train de s’essouffler. Je veux parler des trois piliers ou trois repères de sens traditionnels : 

L’homme recherche la transcendance non plus en ces lieux mais dans le travail où règne la nécessité de la performance économique.

Il investit par conséquent une grande énergie psychique dans son travail où il cherche à faire toujours plus…

Pour aller vers où ?

Il ne le sait pas et avance tout de même jusqu’à ce qu’il s’épuise (burn-out) puisque l’idéologie économique de la performance (« toujours plus ») a pris le dessus sur l’idéologie morale de la performance (« s’accomplir »).

Aujourd’hui, on ne cherche plus à s’accomplir, 1er sens du mot « performance », mais à se « dépasser », faire toujours mieux.

Alors l'épanouissement au travail n'existe pas ?

 L’épanouissement au sens de « joie », « plaisir », est possible et c’est tant mieux !

Heureux celui qui trouve de la joie dans son travail, mais malheureux celui qui y cherche les plus grandes joies.

L’enjeu est d’éviter le travail vécu comme punition (pure contrainte) et le travail vécu comme passion (pur plaisir) qui provoquent de la souffrance et de la culpabilité dans les deux cas !

Le travail peut participer à l’accomplissement de soi, il et est déjà le lieu d’une construction d’un monde. Autrement dit, le travail peut être le lieu de l’approfondissement de ses capacités en tant qu’humain, capacités techniques, cognitives et morales.

Chercher à être soi, à être tel humain, fait encore sens mais chercher désespérément à se dépasser, à être autre et toujours mieux que soi ne fait pas sens, tout au plus est-ce une lutte fatigante, désespérément fatigante.

L’accomplissement de soi consiste essentiellement à faire grandir ses capacités humaines, à faire bien son travail dans une réflexion sur ce que l’on veut créer comme monde avec les autres.

Sources : Texte issu de l'interview de Jean Mathy Counseling Philosophie ,par Fanny Gaubert